Doubs, 36 mois dont 16 ferme pour l’agriculteur agresseur du garde pêche et de nouvelles menaces à la sortie du tribunal !
Hier s’est tenu à la Cité Judiciaire de Montbéliard le jugement de l’affaire de l’agriculteur qui avait sauvagement agressé le garde pêche de l’AAPPMA La Franco-Suisse ainsi qu’une autre personne. L’affaire remonte à mi décembre 2017 et à une histoire d’épandages interdits sur de la neige sur la commune de Charmauvillers, à quelques kilomètres de Goumois et sur le bassin versant du Doubs. En dépit d’une verbalisation par l’Agence Française pour la Biodiversité, l’agriculteur a récidivé 15 jours plus tard avec un nouvel épandage qui a choqué les habitants du village. Le responsable de l’épandage s’est tout d’abord acharné sur une personne de 68 ans qui avait pris des photos des épandages, à qui il a cassé deux côtes. Le lendemain, c’était au tour du garde pêche, jeté par terre et tabassé à coups de pieds portés au niveau de la tête durant cinq interminables minutes. Plus de deux mois après les faits, le garde pêche déplore toujours des lésions à la mâchoire et aux yeux. Hier, le tribunal a demandé une nouvelle expertise médicale. Le prévenu, qui vient de passer six semaines préventives derrière les barreaux a été condamné à 36 mois de prison, dont 16 ferme. En enregistrant avec son téléphone portable durant toute la durée de l’agression, le garde pêche a permis à la justice de prendre la mesure de la violence de l’agression (et des menaces verbales de mort proférées). Hier à la sortie du tribunal, le garde pêche accompagné de son avocat a reçu de nouvelles menaces de la part d’une quarantaine d’agriculteurs : “on va s’occuper de toi, ça va être ta fête”. Cette sale histoire n’est peut être pas terminée. Le monde agricole franc-comtois montre sa vraie image et pense toujours bénéficier de passe-droits pour polluer en toute impunité. Un œil extérieur pourrait voir dans cette affaire tout le malaise agricole dont on parle tant en ce moment. Mais en zone AOP comté, le lait se vend plus de deux fois plus cher que le lait standard (550 euros environ contre 260 euros la tonne). Le comté ne connaît pas la crise. Première AOP française (65 000 tonnes/an), le comté n’est plus un produit artisanal comme la profession tente de le faire croire à longueur d’année. Les excédents de lisier de vache sont le résultat d’une course à la productivité qui ne fait qu’augmenter. L’argument fallacieux des cuves de lisier qui ont débordé avec les pluies cet hiver n’est en réalité qu’une illégalité de plus. Car la loi exige qu’elles soient couvertes (avec des fonds publics !), mais dans le Doubs, les cuves de 800 exploitations ne sont toujours pas aux normes.
Dans cette affaire, le monde agricole doit comprendre que la justice a jugé une terrible agression et non une affaire d’épandage, qui relève, quand amende il y a, d’une contravention à 135 euros ! Car en France, la nature n’est toujours pas défendue.