Sélune, les saumons pourraient voyager en camions !
C’est beau l’écologie, ça ne pollue pas, ça ne gaspille ni l’argent public ni les énergies fossiles… Ainsi, sur la Sélune dans la Manche, alors que NKM avait pris la décision de faire détruire les barrages de Vézins et de La-Roche-qui-Boit (Manche), notre ministre actuelle, Ségolène Royal, a pris position pour le maintien des barrages. La “transition énergétique” et la “continuité écologique” sont deux concepts écologiques du temps présent, mais qui ne s’entendent que sous la contrainte du compromis, que la nature, c’est bien connu, déteste ! Le 2 mars 2016, la ministre rencontrait le président des Amis du barrage, John Kanioswky, le député du sud-Manche Guénhaël Huet et le président de la société Valorem, candidat à la reprise des barrages en compagnie de deux de ses ingénieurs. Lors d’une visite sur place le 4 décembre 2015, la ministre avait demandé des études complémentaires sous forme d’expertises de faisabilité technique, économique et juridique. L’étude a conclu à une “impossibilité à concilier production hydroélectrique et restauration de la biodiversité du fleuve Sélune ». Le choix d’araser ou pas les ouvrages est donc un choix politique. Dans le cas du maintient des ouvrages, l’étude conclut à une impossibilité pour les poissons migrateurs (saumons et anguilles essentiellement) de franchir les barrages. La seule solution proposée (également par la ministre) serait de mettre en place un dispositif de capture/transport. On n’arrête pas le progrès ! Après la SNCF et ses Ouibus, le pétrole a de l’avenir ! Ainsi, les poissons devront voyager en camion pour éviter l’ouvrage. Cela montre le profond manque de respect vis-à-vis de ce poisson emblématique, qui pour les politiques, fait joli sur les plaquettes. On demande à cet animal devenu une bête de cirque de couvrir une démarche qui n’est pas écologique. Car Valorem devra également gérer le problème épineux des sédiments qui réduisent le volume d’eau et qui sont propices au développement de cyanobactéries (d’après l’étude). Alors que des centaines de millions d’euros sont engloutis dans le retour utopique du saumon sur l’axe Loire/Allier et sur le Rhin (beaucoup plus utopique encore !), notre ministère de l’écologie rate une belle occasion de donner sa chance à moindre frais à une rivière à saumon viable et qui pourrait être exemplaire dans ce domaine. Ce dossier “Sélune” est une belle illustration de la méthode Royal, qui recule plus qu’elle n’avance, tiraillée entre une idéologie (plutôt vague) et la peur de passer pour… une écolo !
(Photo : rappelons-nous le temps de l’espoir avec la consultation publique pour ou contre l’arasement des barrages…)